8h15, c’est l’heure du départ. Je prends la direction d’Orly avec Thérèse. Notre vol est prévu à 11h55. L’avion a un peu de retard mais nous arrivons à Tunis vers 15h. Je passe la douane tunisienne avec un peu d’appréhension à cause du matériel audiovisuel, l’appareil de prise de son retient l’attention quelques minutes mais on ne me pose pas de question particulière. A l’aéroport, un stand du FSM accueille ceux qui recherchent des informations. Je ne croise pas de stand de la société Orange qui distribue, paraît-il, des puces tunisiennes gratuites que la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) demande de refuser à cause d’un partenariat avec un opérateur israélien.
Je prends mon premier taxi tunisien pour rejoindre Younès, un ami de Michèle Tessier (Diwan), qui a accepté de m’héberger pendant le forum. Il habite sur les hauteurs de Tunis, pas très loin du campus universitaire El-Manar où se tiendront les conférences et les ateliers autogérés organisés pas une myriade d’associations. Younès et sa femme Rachida m’accueillent très chaleureusement. Nous faisons connaissances et ils me proposent assez rapidement de m’aider si besoin pour rencontrer des femmes tunisiennes engagées qui accepteraient de témoigner dans le film documentaire que je souhaite réaliser. L’ambiance est joyeuse et la maison se remplit petit à petit d’amis, de proches qui à leur tour me questionnent, me proposent leur aide. Je ressens un intérêt réel porté au FSM et une certaine fierté que le choix se soit porté, pour la première fois dans un pays arabe, sur la Tunisie en l’occurrence, là où le « printemps de jasmin » s’est déclenché, entraînant plusieurs révolutions en Egypte, en Lybie, en Syrie, et encourageant des mouvements contestataires dans d’autres pays. A Tunis, le vent souffle fort...
Mon objectif principal en participant à ce forum est de filmer des femmes engagées pour la défense de leurs droits mais aussi partie prenante dans les processus révolutionnaires ou de démocratisation en cours. Donner la parole à des femmes tunisiennes en particulier mais aussi d’autres pays arabes, pas forcément les plus connues, saisir la complexité des enjeux et de leur combat, connaître les droits acquis et menacés, cerner leurs espoirs, leurs revendications, la réalité des pressions qui s’exercent aujourd’hui avec l’arrivée au pouvoir de partis islamistes. J’entends par exemple que le principe d’égalité homme/femme inscrit dans la constitution depuis Bourguiba et jamais remis en cause sous Ben Ali a été récemment remis en cause par les islamistes du parti En Nahda pour être remplacé par celui plus ambigu et rétrograde de « complémentarité » dans le nouveau projet de constitution. Devant le tollé général, les islamistes ont rapidement reculé, ce qui montre l’importance et le poids de la société civile aujourd’hui en Tunisie dans les décisions politiques.
Demain, le FSM commence officiellement par une assemblée des femmes au Campus El-Manar.
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